Retour sur quelques évènements
19 mars 2024 – Conférence de Michel Younes* – Le dialogue interreligieux avec les musulmans
* Professeur (Nihil obstat) de l’UCLy (HDR) et membre de l’Unité de recherche Confluence, Michel Younès est doyen du Pôle facultaire de théologie de l’UCLy. Professeur de théologie dogmatique, spécialiste d’islamologie, il est le coordinateur général de la plate-forme internationale Pluriel (Plateforme de recherche universitaire sur l’islam).
12 avril 2025 – Temps de rencontre de d’échange l’Espérance dans nos religions
3 mai 2025 – participation au temps commémoration en mémoire d’Aboubacar Cissé
Stéphane Chevillard et Gilbert Thollet étaient délégués par Mgr Bataille pour participer au temps de commémoration en mémoire d’Aboubakar Cissé, assassiné dans la mosquée de la Grande-Combe (Gard) le 25 avril 2025. Était aussi présent Jean Louis Reymondier, responsable de la délégation ” Église et Migrations”
Intervention de Stéphane Chevillard :
L’Église catholique du diocèse de Saint Étienne est solidaire de la communauté musulmane dans cette triste période. Elle partage la tristesse de la famille d’Aboubakar Cissé et de tous ceux que se sentent touchés par cet évènement dramatique. L’Église catholique dénoncera toujours les discours de haine. Les discours qui séparent les personnes. Les discours qui fracturent toujours plus la société. Nous redisons notre volonté de construire une société de paix. L’Église encourage le vivre ensemble en paix. L’Église redit son attachement à la liberté de choix pour sa vie spirituelle, sa liberté de choisir sa religion. Nous ne sommes pas d’accord sur tout et c’est normal mais nous devons le dire dans la paix et la sérénité. Nous attendons que la justice fasse son travail pour faire la vérité sur ce dramatique assassinat. Nous portons dans la prière toutes les personnes qui travaillent à mettre du lien dans nos quartiers, dans nos villes, dans notre société. Nous prions pour tous les artisans de paix. Merci.
Quelques ressources
Dieu s’est fait dialogue :
« … Voilà, vénérables frères, l’origine transcendante du dialogue. Elle se trouve dans l’intention même de Dieu. La religion est de sa nature un rapport entre Dieu et l’homme. La prière exprime en dialogue ce rapport. La Révélation, qui est la relation surnaturelle que Dieu lui-même a pris l’initiative d’instaurer avec l’humanité, peut être représenté comme un dialogue dans lequel le Verbe de Dieu s’exprime par l’Incarnation, et ensuite par l’Évangile. Le colloque paternel et saint, interrompu entre Dieu et l’homme à cause du péché originel, est merveilleusement repris dans le cours de l’histoire. L’histoire du salut raconte précisément ce dialogue long et divers qui part de Dieu et noue avec l’homme une conversation variée et étonnante. C’est dans cette conversation du Christ avec les hommes (cf. Bar., 3, 38) que Dieu laisse comprendre quelque chose de lui-même » (Ecclesiam Suam 72 – Pape Paul VI – 1964).
Et l’Église … ?
« L’Église doit entrer en dialogue avec le monde dans lequel elle vit. L’Église se fait parole ; l’Église se fait message ; l’Église se fait conversation. » (Ecclasiam Suam 67 – Pape Paul VI – 1964).
L’Église a tout à gagner à désirer le dialogue pour se faire comprendre afin de
• dire qui elle est et d’où elle vient,
• Et dire ce qu’elle veut pour le monde !
Pour être la ressemblance de Dieu, l’Église doit donc doit entrer en conversation avec le monde.
Le dialogue : une ouverture à l’autre dans le respect
« Parmi les principaux aspects du monde d’aujourd’hui, il faut compter la multiplication des relations entre les hommes que les progrès techniques actuels contribuent largement à développer. Toutefois le dialogue fraternel des hommes ne trouve pas son achèvement à ce niveau, mais plus profondément dans la communauté des personnes et celle-ci exige le respect réciproque de leur pleine dignité spirituelle. » (Gaudium et Spes 23.1 – Concile Vatican II – 1965).
Le dialogue se fait à hauteur d’homme, dans la rencontre et non pas à travers des médias / des réseaux interposés. Ce texte nous dit également que nous devons respecter le choix spirituel de la personne avec laquelle nous entrons en dialogue.
Le regard de l’Église sur les personnes musulmanes
« L’Église regarde aussi avec estime les musulmans, qui adorent le Dieu unique, vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant, créateur du ciel et de la terre [5], qui a parlé aux hommes. Ils cherchent à se soumettre de toute leur âme aux décrets de Dieu, même s’ils sont cachés, comme s’est soumis à Dieu Abraham, auquel la foi islamique se réfère volontiers. Bien qu’ils ne reconnaissent pas Jésus comme Dieu, ils le vénèrent comme prophète ; ils honorent sa Mère virginale, Marie, et parfois même l’invoquent avec piété. De plus, ils attendent le jour du jugement, où Dieu rétribuera tous les hommes après les avoir ressuscités. Aussi ont-ils en estime la vie morale et rendent-ils un culte à Dieu, surtout par la prière, l’aumône et le jeûne. Même si, au cours des siècles, de nombreuses dissensions et inimitiés se sont manifestées entre les chrétiens et les musulmans, le saint Concile les exhorte tous à oublier le passé et à s’efforcer sincèrement à la compréhension mutuelle, ainsi qu’à protéger et à promouvoir ensemble, pour tous les hommes, la justice sociale, les valeurs morales, la paix et la liberté. » (Nostra Aetate 3 – Concile Vatican II – 1964).
« Nous tournons donc aussi notre pensée vers tous ceux qui reconnaissent Dieu et dont les traditions recèlent de précieux éléments religieux et humains, en souhaitant qu’un dialogue confiant puisse nous conduire tous ensemble à accepter franchement les appels de l’Esprit et à les suivre avec ardeur. » (Gaudium et Spes 92.4 – Concile Vatican II – 1965).
Attitude dans le dialogue interreligieux
« Le dialogue demande, de la part des chrétiens aussi bien que de la part des membres des autres traditions, une attitude équilibrée. Ils ne devraient être ni trop ingénus ni hypercritiques, mais bien plutôt d’esprit ouvert et accueillant… il s’agit aussi d’être résolus à s’engager ensemble au service de la vérité et d’être prêts à se laisser transformer par la rencontre. » (Dialogue et Mission 47 – Dicastère pour le dialogue interreligieux).
« … la vérité n’est pas une chose que nous possédons, mais une personne (Jésus Christ) par qui nous devons nous laisser posséder. » (Dialogue et Mission 49 – Dicastère pour le dialogue interreligieux).
Le dialogue, première pierre vers le vivre-ensemble en paix !
« Nous sommes l’« Église de la rencontre », sa joie est aussi de se sentir appelée à témoigner que la fraternité universelle est possible, par un vivre-ensemble en paix de qualité et un partenariat au service de toute personne, au-delà des différences culturelles et religieuses. » (Mgr Paul Desfarges, archevêque émérite d’Alger – Une Église dans la mangeoire – Éditions Médiaspaul – 2022)
Autres ressources :
Service National pour les Relations avec les Musulmans (Conférence des Évêques de France)
Dicastère pour le dialogue interreligieux (En) (Vatican)
• Dialogue et mission – 1984 (Fr)
• Dialogue et annonce – 1991 (Fr)
• Dialogue dans la vérité et la charité – 2014 (Fr)