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ET - servons la fraternité

Solidarité

Interview d’Eva Schummer, déléguée du Secours catholique pour la Loire

Publié le 30 novembre 2020

MEA-eva schummer

Eva Schummer est depuis le 1er novembre 2020 la nouvelle déléguée du Secours catholique pour la Loire.

Eva, pouvez-vous nous dire d’où vous venez ?

J’ai 34 ans. Basée à Lyon, j’ai travaillé pour la délégation du Secours Catholique de Marseille, pour la délégation du Rhône et enfin au niveau régional, en soutien des délégations sur les questions de migration, de l’accès aux droits et du plaidoyer. Depuis juin, suite au départ de Jean-Paul Rivière, mon prédécesseur, j’assurais déjà en intérim cette nouvelle mission.

Comment avez-vous rencontré le Secours catholique ?

Je crois que c’est la providence… Cela fait maintenant 8 ans que je travaille pour le Secours catholique. Tout a commencé à l’occasion de mon stage de fin d’études et la rédaction d’un mémoire sur l’accès à l’école des enfants roms issus des grands bidonvilles de Marseille. J’ai vécu par la suite une année de volontariat. Découvrir ces bidonvilles de parfois 400-500 personnes, accompagner ces familles roms fut, pour moi une expérience humaine très forte, décisive.

Vous aviez déjà cette fibre de la solidarité ?

Je me préparais à devenir enseignante, j’ai fait mes études dans ce sens. Il y a eu un premier déclic lors d’une expérience de bénévolat à Lourdes. Cela m’a ouvert à cet appel de la solidarité. Le monde humanitaire m’attirait. J’habitais Marseille, une ville de grande pauvreté. La précarité était en bas de chez moi. Personnellement, je ne me voyais pas partir à l’autre bout de la planète alors que je pouvais m’engager, être active, là, si près….

Pouvez-vous nous rappeler comment s’organise la mission du Secours catholique dans la Loire ?

Tout d’abord, je tiens à dire que je découvre ce territoire de la Loire et cette délégation. Un territoire contrasté avec des zones de pauvreté marquées, une population vieillissante, un rural important et dont on perçoit mieux aujourd’hui les pauvretés et les enjeux de solidarité. Ce que je perçois également, c’est la force, la richesse d’un réseau associatif d’aide, très engagé ! Concrètement, la Délégation de la Loire, c’est une équipe de 7 salariés dont 4 animateurs ayant pour mission d’accompagner les équipes de bénévoles sur le terrain, à travers 4 territoires : Saint-Etienne-Ondaine, Gier-Pilat, Forez-Lyonnais et Roannais (diocèse de Lyon). 600 bénévoles font vivre au quotidien notre Délégation dans ses diverses actions : l’accueil social, des ateliers – comme l’apprentissage du français, le maraichage dans des jardins partagés, des ateliers de couture etc – les permanences juridiques pour permettre aux personnes d’accéder à leurs droits, un service de « transport solidaire » etc. Au cœur, il y a cette volonté de créer du « lien ». Je vois d’abord le Secours catholique comme un espace de rencontre. Rompre l’isolement, de plus en plus maqué, est un défi. Le rapport 2020 sur l’état de la pauvreté en France fait ressorti ce premier besoin : celui d’être écouté !

Pouvez-vous nous parler des projets ?

En interne, nous avons un défi à relever : celui du renouvellement, du rajeunissement de notre réseau de bénévoles. Nous nous sommes réorganisés autour de cette question importante du bénévolat. Comment avancer ? Les jeunes s’engagent surtout dans des projets. Encore faut-il que nous nous fassions connaître, nos actions, nos projets ; aller à leur rencontre en sachant nous adapter à leur emploi du temps, par exemple en proposant des actions le week-end ou en soirée plutôt qu’en journée…  Sur le fond, notre délégation a bâti avec l’ensemble des acteurs, un projet pour 5 ans (2020-2024) selon 3 axes : tout d’abord, le compagnonnage fraternel – un compagnonnage réciproque – parce que la relation est au cœur de notre action. Le deuxième axe, c’est celui de l’accès aux droits, sociaux et fondamentaux. J’y mets également l’accès à la culture, à la spiritualité. Cet axe implique des actions de plaidoyer et de dénonciation des causes d’empêchement. Enfin, le troisième axe est celui de la communication – qui passe également par le témoignage des acteurs ! Tous ces axes sont au fond une déclinaison du message porté par le Secours catholique au niveau national, celui de la « révolution fraternelle » ! Enfin, un dernier projet qui me réjouit : le déménagement de notre délégation au sein de la nouvelle Maison diocésaine. Dans un contexte de transformation, de changements d’organisation, je suis certaine que ce rapprochement avec les services du diocèse seront l’occasion d’un nouveau souffle.

Nous traversons un 2ème confinement. Comment le Secours catholique peut-il rester actif ?

Ces confinements révèlent un peu plus les situations de pauvreté et accentuent l’isolement. Cette crise fait basculer des personnes en situation précaire dans des formes de pauvreté. Aujourd’hui, 12 % de la population en France ne peut subvenir correctement aux besoins alimentaires ! Si beaucoup de nos lieux d’accueil ont dû fermer, nous poursuivons l’accompagnement personnalisé des personnes – aide financière, accès aux droits, transports solidaires en milieu rural – le travail des jardins partagés, le maintien de visites à domicile, l’apprentissage du français. Nous organisons des chaînes téléphoniques ou des liens WhatsApp avec notre réseau de bénévoles. Dans ce contexte, l’accès au numérique ressort de façon plus vive encore !

Comment concilier aujourd’hui engagement social et écologie ?

Le Pape François ne cesse de nous le dire : tout est lié ! Au secours catholique, nous devons faire nôtre cette dimension plus nouvelle, viser une plus grande cohérence. Un exemple : celui de ce que nous appelons, « l’alimentation digne ». Nous avons sur ce sujet monté au niveau régional un partenariat avec des AMAP, des producteurs locaux. On peut aussi évoquer les « jardins partagés » dont la production revient aux « jardiniers » ou pour des actions collectives, des repas partagés. Mais l’écologie reste un chantier important.

Comment la dimension spirituelle et catholique se vit-elle au sein du Secours catholique ?

A titre personnel, mon engagement est une façon concrète de vivre ma foi au quotidien, de vivre le message de l’Evangile auquel je crois profondément ! Chacun connaît la fameuse « pyramide des besoins de Maslow » : à la base, les besoins dits fondamentaux et au sommet, les besoins culturels ou spirituels. J’avais été frappée par une enquête d’ATD relevant que pour toutes les personnes interrogées, la culture, la dimension spirituelle – ce qui m’anime, ce qui est important et a le plus de valeur pour moi, ce qui a du sens – étaient essentielles. Même pour les personnes les plus pauvres ! J’ai toujours en mémoire cette femme rom d’un bidonville de Marseille a qui je demandais des nouvelles et qui me réponds : pondu : « j’ai un toit, mes enfants avec moi, Dieu avec moi, alors ça va ! ». Au Secours catholique, nous accueillons toute personne de façon inconditionnelle, quelles que soient ses croyances, sa religion. J’ai vécu de belles expériences spirituelles avec le Secours catholique comme une marche, organisée – 10 jours par an – avec des personnes migrantes, vers Compostelle : nous vivons très concrètement et simplement une vie fraternelle. Il nous faut offrir le cadre qui permette de vivre cette confiance où chacun peut se livrer un peu plus, partager en profondeur et en partant de soi ce qui l’anime et le fait vivre !

Propos recueillis par Hervé Hostein

 

Voir le rapport 2020 du Secours catholique sur l’état de la pauvreté en France

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