Le plus grand trésor de l’Église ? L’Eucharistie
Message de Mgr Sylvain Bataille
Nous sommes dans l’action de grâce pour les baptêmes de Pâques et les confirmations de Pentecôte. De plus en plus de jeunes et d’adultes découvrent le Christ, veulent être ses disciples et deviennent missionnaires. L’arrivée de ces chercheurs de Dieu est une grande grâce pour l’Église, mais aussi un vrai défi. Comment les accueillir, tels qu’ils sont ? Comment les accompagner pour les aider à devenir de vrais disciples du Christ ? Comment leur faire une place dans nos communautés, en acceptant qu’ils nous bousculent, en particulier par leur sens de Dieu et leur élan missionnaire ? Depuis près d’un an nous avons travaillé, avec une commission spéciale et avec les différents conseils du diocèse, sur des orientations pour l’initiation chrétienne des enfants, des jeunes et des adultes. Je les ai publiées en cette fête de Pentecôte et nous vous les présentons dans cette lettre.
Une question revient souvent : pourquoi un tel afflux depuis trois ans, dans notre diocèse mais aussi dans toute la France ? On peut trouver des explications humaines, psychologiques : la fragilité de notre société, celle des familles, la perte du sens de la vie et de Dieu, le besoin de repères… Cependant, à la lecture des lettres de ceux qui demandent le baptême ou la confirmation, il apparaît que c’est bien souvent une expérience très personnelle et très forte de la présence du Christ qui les a mis en route. Jésus est venu toucher leur cœur, souvent à l’occasion d’un passage plus difficile. Très souvent, les personnes vont alors chercher des explications sur Internet, elles se mettent à lire la Bible puis s’adressent à l’Église, avec une grande soif de découvrir la foi et de la vivre pleinement. J’ai été particulièrement frappé cette année de voir combien la messe avait une place déterminante dans leur cheminement. Je vous cite quelques témoignages : « J’ai assisté à la messe sans rien connaître, mais très vite, j’ai senti un regard plein d’amour, de compassion et de miséricorde. Moi qui errais en recherchant sans le savoir la vérité, elle se révéla à moi : Jésus. » « Je suis allé à la messe un dimanche et là ça a été une révélation, une évidence, j’ai été remplie d’un bonheur intense, d’une paix intérieure, et j’ai compris que Dieu était avec moi. » « Dans une veillée d’adoration, face au Saint-Sacrement, j’ai ressenti inexplicablement la certitude absolue que je croyais en Jésus et que le Christ était présent dans l’Eucharistie, alors que j’en doutais. Cela me pousse à approfondir toujours davantage, ma relation Christ et à chercher à vivre une foi sincère. » On pourrait multiplier ces témoignages. En nous partageant leur émerveillement, ces nouveaux croyants viennent nous rappeler combien il est grand le mystère de la foi !
Dans l’Eucharistie, le Christ rend présent son offrande totale sur la croix et nous invite à nous donner par lui, avec lui et en lui. Il est là, présent et agissant. Il nous donne son Esprit qui réalise la communion entre tous et nous envoie en mission. Nos débats liturgiques, si présents depuis soixante ans, se trouvent bien relativisés, remis à leur juste place. La vraie question n’est pas celle de l’animation, du style des chants, de la langue utilisée, de l’homélie, de la manière de célébrer, d’activités à faire… Il s’agit d’abord d’entrer dans le mystère, d’accueillir le Christ qui se donne, de se donner avec lui. Comment créer le climat spirituel qui permette cette rencontre personnelle ? N’est-ce pas là que se situe la participation active à l’Eucharistie demandée par le Concile Vatican II et le sens du sacré chrétien que nous avons peut-être à redécouvrir ? Tous ceux qui tiennent un rôle particulier – prêtres, diacres, animateurs, lecteurs, musiciens, sacristains…- portent cette responsabilité de mettre le Christ au cœur des célébrations, en assumant leur mission dans l’humilité et un certain effacement, en se mettant au service de Dieu et de la prière de l’assemblée. La beauté, l’ordre et la propreté des lieux où nous célébrons, la qualité des objets utilisés, l’accueil chaleureux à l’entrée de l’Église, le silence et le recueillement avant la messe, le respect de la liturgie et la sobriété dans les commentaires, la fraternité et l’échange après la messe… sont autant d’éléments qui favorisent la rencontre avec le Seigneur et la communion de tous les participants avec lui et entre eux. Prenons soin de ce que nous avons de plus précieux ! Le Concile Vatican II nous rappelle : « Les autres sacrements, ainsi que tous les ministères ecclésiaux et les tâches apostoliques, sont tous liés à l’Eucharistie et ordonnés à elle. Car la sainte Eucharistie contient tout le trésor spirituel de l’Église, à savoir le Christ lui-même, notre Pâque, le pain vivant, lui dont la chair, vivifiée et vivifiante par l’Esprit Saint, donne la vie aux hommes, les invitant et les conduisant à offrir, en union avec lui, leur propre vie, leur travail, toute la création. On voit donc alors comment l’Eucharistie est bien la source et le sommet de toute l’évangélisation. » (PO 5)
+ Sylvain Bataille, évêque de Saint-Étienne
