La conversation dans l’Esprit, un trésor pour notre Église
Message de Mgr Bataille pour le mois de septembre
« Celui qui a des oreilles, qu’il entende ce que l’Esprit dit aux Églises. » Ap 2,7
Lors du Synode sur la synodalité, la « conversation dans l’Esprit » s’est imposée comme une expérience décisive pour les participants. Beaucoup en témoignent : cette méthode simple et profonde a transformé leur manière de chercher ensemble la volonté de Dieu. C’est un trésor que nous sommes invités à déployer dans toute l’Église.
De quoi s’agit-il ? À la fois attitude spirituelle et outil pratique, la conversation dans l’Esprit est un art de l’écoute intérieure en vue d’un discernement communautaire. Elle part de la Parole de Dieu et aide à approfondir une question, à faire un choix ou à définir des orientations. C’est l’attitude de Marie qui retenait tous les événements et les méditait dans son cœur. (Lc 2,19)
La première étape est toujours la prière, pour mettre le Seigneur au centre et ouvrir nos cœurs à sa lumière, en nous laissant éclairer par sa Parole. « Ouvre l’oreille de ton cœur » disait saint Benoît. Des temps de silence jalonnent donc la démarche : silence pour accueillir la Parole de Dieu, silence pour préparer son intervention, silence encore pour recevoir ce qui est partagé. Chaque participant prend la parole à tour de rôle, dans un temps limité, sans être interrompu. Dans un premier tour il exprime ce que suscite en lui le texte, en lien avec la question posée. Dans un second tour chacun partage ce qui l’a touché dans les paroles entendues. Enfin, le groupe cherche à discerner ensemble les appels de l’Esprit.
Cette manière de converser libère la parole. Il ne s’agit pas de débattre, de convaincre ou de défendre un point de vue, mais de déposer humblement ce que l’on porte et d’accueillir ce que les autres partagent. Ainsi, même les personnes moins à l’aise pour s’exprimer trouvent leur place ; des paroles très simples peuvent devenir lumière pour tous. Dans cette démarche, personne n’est de trop ni au-dessus des autres : évêque, prêtres, diacres, laïcs ou consacrés, jeunes ou anciens, tous parlent à partir de leur expérience de vie et de foi, et tous écoutent les autres avec attention pour discerner ensemble la volonté de Dieu. Cette école d’écoute transforme le cœur : elle apprend à chercher ensemble ce qui est vrai, bon et juste, non pour maîtriser, mais pour accueillir comme un don ce que Dieu révèle par les autres. « L’idéal du sage c’est une oreille qui écoute » disait Ben Sirac (3, 29).
La fidélité à la méthode est essentielle : respecter les temps impartis, écouter sans préparer sa réponse, accueillir ce que dit l’autre comme un don. Cette rigueur n’est pas du formalisme : elle évite les affrontements, favorise la confiance et ouvre un vrai espace à chacun, et à l’Esprit Saint. Dans ce climat, l’unité ne se construit pas par effacement des différences, mais par l’émergence de ce qui est porteur de vie et de communion. Il ne s’agit pas d’une procédure démocratique où la vérité et les décisions se prendraient à la majorité. Le discernement se fait en Église, sous la conduite de l’Esprit, chacun agissant ensuite selon sa mission et sa responsabilité.
La conversation dans l’Esprit repose sur une attitude profonde d’humilité. Elle demande d’oser partager ce qui nous anime, puis de nous laisser interroger par ce que nous entendons. Elle aide à découvrir que l’Esprit parle à travers chacun, que personne n’est exclu de cette médiation.
Nos conseils diocésains ont déjà expérimenté la fécondité de cette « conversation dans l’Esprit », et je souhaite qu’elle devienne une pratique habituelle dans chaque paroisse, dans chaque groupe appelé à discerner, qu’elle devienne notre manière naturelle d’écouter l’Esprit lorsque nous avons à définir des orientations ou à prendre des décisions.
Salomon faisait cette prière qui a bien plu au Seigneur : « Donne à ton serviteur un cœur attentif pour qu’il sache gouverner ton peuple, pour discerner le bien et le mal. » (1 R 3,9) Ce discernement est communautaire, c’est toute l’Église qui doit être à l’écoute, une Église qui croit que l’Esprit est à l’œuvre, qu’il inspire les fidèles et travaille leur cœur, que la communion est un don à recevoir de Dieu. C’est ainsi que le Seigneur peut toujours davantage tracer notre chemin et nous guider dans la mission, en marche vers le Royaume.
« Heureux ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la gardent ! » Lc 11,28
+ Sylvain Bataille, évêque de Saint-Étienne
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Conversation dans l’Esprit, mode d’emploi
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